Recueil de nouvelles érotiques. Différents auteurs.
Publié par La Musardine
Reçu en partenariat: Merci au forum "Au coeur de l'imaginarium" et aux éditions La Musardine.
4ème de couverture:
Osez 20 histoires, la collection de nouvelles érotiques de la Musardine, vous propose ce nouveau recueil placé sous le signe du soleil, du sable brûlant, des corps huilés, du sea sex & sun, bref : de l’été !
Un livre à glisser dans votre sac de plage entre la serviette de bain et la crème solaire (ou dans votre sac de rando entre le réchaud à gaz et les chaussettes de rechange, ne soyons pas sectaires).
En partenariat avec Dorcelle et Terrafemina.
Mon avis:
Tout d'abord, je me dois de pousser un coup de gueule.... Pourquoi « torride » doit toujours rimer avec vulgarité ??
Si l'on regarde la définition du mot « torride » on trouve :
torride, adjectif, (latin torridus) : Où il fait très chaud, brûlant : Ville torride en été.
Aucun signe de vulgarité dans cette définition...
Je ne suis pas facilement choquée (d'ailleurs ici le langage ne me choque pas) mais là ça m'a énervé... Les auteurs manqueraient-ils de vocabulaire ? En effet, il me semblait pourtant que le champs lexical du sexe était bien plus développé que « bite, couilles, cul, touffe, chatte, foutre » et j'en passe. Certains auteurs de ce recueil (une minorité malheureusement) ont su écrire des histoires torrides sans utiliser ce genre de vocabulaire « barbare »... Réduire le sexe à une sorte de boucherie avec de tels mots crus, je trouve cela dommage. Pour moi, une bonne histoire sensuelle est bien plus excitante qu'une histoire écrite à coup de « bite », « chatte dégoulinante » et autres « camion de foutre ». A notre époque, il est facile de trouver des histoires (souvent bâclées) avec ce genre de vocabulaire. Je suis donc peut être trop exigeante, mais j'attends plus d'un recueil comme celui ci : plus de recherche dans le vocabulaire surtout... Certaines histoires ne m'auraient de toute façon pas plu parce que je n'ai pas aimé la situation en elle même, ce qui ne me gène pas du tout, par contre le vocabulaire me gène plus...Du coup, même si certaines nouvelles restent pour moi de belles réussites, je suis passée à côté de ce recueil.
Je vous propose maintenant un résumé de ce que j'ai pu penser de ce recueil :
Selon mes goûts personnels, j'ai pu trouver 3 grands groupes de nouvelles :
Celles que j'ai vraiment aimé
Celles auxquelles il manquait un petit quelque chose pour que j'accroche vraiment
Celles que je n'ai vraiment pas aimé
Dans la première catégorie, on trouve des nouvelles comme :
La révérence de Sève Maël, Rencontre de Chiara Fratelli, Le fruit de l'amour de Enoria Menair.
Dans ces trois nouvelles, on trouve un point commun : un effet de surprise.
Dans la première, c'est un univers feutré, presque confidentiel dans lequel on arrive. Pour ceux qui l'ont vu, vous retrouverez l'ambiance de « Eyes Wide Shut », comprenez une partie fine confidentielle qui est à la fois intrigante et aussi un peu effrayante... J'ai aimé cette prise de risque et la façon dont l'auteur a mis tout cela en lumière.
Dans la deuxième, l'auteur utilise quelque chose qui parlera à beaucoup de gens de nos jours : la rencontre sur internet. On retrouve ce petit côté du risque de ne pas connaître la personne que l'on va rencontrer. On sort de sa zone de confort, et après tout, on dit souvent que la vie commence quand l'on sort de cette fameuse zone... Ici, l'auteur a su tenir le suspens jusqu'à la fin et c'est vraiment bien amené. J'ai aussi vraiment aimé le côté feutré de cette chambre d'hôtel, décrite mais pas trop qui laisse là aussi place à l'imagination.
La dernière joue sur l'idée du fruit défendu. Cette histoire est assez sensuelle, pas vulgaire et nous entraîne dans une histoire bien écrite. Encore une fois, on retrouve le lâcher prise, l'envie de prendre des risques. Mais après tout (et là je me garde bien de vous donner la réponse, chacun sa vision des choses...) la clé d'une sexualité épanouie ne serait elle pas de se laisser une part de risque, d'inconnu ?
Pour les suivantes, ma lecture a souvent été freinée par plusieurs choses : soit par une vulgarité trop présente ou alors une confusion dans l'histoire.
Dans cette « catégorie » on retrouve :
Sensuel en Corse de Théophile Dessoy : A peu près au milieu de l'histoire, il y a un passage un peu confus. J'étais un peu perdue dans l'histoire... J'avais l'impression que l'action était allé trop vite et que l'auteur m'avait comme « déposé sur le bord de la route ». Je ne suivais plus le train de l'action. Je ne savais pas comment le protagoniste était arrivé là, comment la deuxième personne l'avait rejoint. J'ai su me raccrocher un peu plus loin mais c'est vrai que ça a freiné un peu ma lecture. J'ai aimé la fin, que j'ai trouvé intéressante. En effet, il y a un parallèle assez intéressant entre ce qui se passe en réalité et ce que le « héros » raconte. Cela relève le côté « coquin » de l'histoire. J'ai trouvé que ça ramenait aussi un petit plus de folie. Dommage que le petit passage confus ait un peu diminué mon plaisir de lecture.
Océane de Niko : Ici on embarque à bord d'un train. J'ai aimé le lieu car qui n'a pas déjà imaginé une histoire dans ce moyen de transport ? Encore une fois le côté prise de risque...
On retrouve un écrivain en manque d'inspiration, et cette inspiration, il la trouvera peut être pendant ce trajet. Une histoire entre réel et fiction et ce n'est pas pour me déplaire. J'aime quand on est à la frontière des deux. Par contre, il m'a manqué un petit quelque chose pour vraiment accrocher, et le plus dur serait de vous dire quoi... Je sens qu'il m'a manqué quelque chose, mais pour une fois je n'arrive pas vraiment à mettre le doigt dessus...
Emplettes coquines de Dametcaro : Cette histoire partait d'une base originale : on retrouve 2 personnes étrangères l'une pour l'autre, dans un grand magasin (et même pour être précise dans un haut lieu de fantasme : une cabine d'essayage). L'auteur, ou plutôt les auteurs je pense, avaient une idée qu'on voit peut : jouer avec les 2 points de vue. Un des points de vue est écrit en italique mais malheureusement, au début de la nouvelle, il y a eu un mélange... L'italique n'est pas utilisé pour la bonne personne et même si par la suite cette erreur est rattrapée, on perd quand même un peu le fil. Et c'est ce qui pour moi a gâché le plaisir de cette nouvelle. Vraiment dommage car l'histoire en elle même était assez bien écrite.
Un autre lieu de Florian CaliKen : Dans cette histoire, une femme se retrouve propulsée dans une dimension parallèle, bien que très proche de la réalité. Dans ce nouvel univers, on retrouve le même monde mais d'une façon plus « parfaite ». C'est comme une version idéale de ce qu'elle vivait avant. Et elle compte bien en profiter. Cette histoire aurait pu être très bien faite, mais malheureusement, l'auteur qui avait su m’appâter avec cet univers, m'en a donné trop peu ! On ne comprend pas vraiment comme elle est arrivé dans cette réalité parallèle. Et j'aurais bien voulu en savoir plus, comment elle était arrivée, si elle gardait la possibilité de repartir, est ce vraiment la réalité ou alors est ce un rêve ? Trop de questions sans réponse pour moi à la fin. De plus, l'univers m'a plus intéressé que la situation « torride » elle même...
La Scribe de Stuc Régences : Ici, bien que j'ai apprécié la forme de la nouvelle (un récit dans un récit) c'est aussi ce qui m'a éloigné de l'histoire... En effet le fait que l'histoire soit raconté par quelqu'un dans un texte écrit qu'on lit a, pour moi, mis trop de distance. On devient spectateur d'une scène qui a été écrite par une personne elle même spectatrice... On sait que l'écrit est la conséquence d'un pari, un cadeau d'anniversaire. On sait aussi que c'est une histoire qui s'est produite dans le passé. Même si c'est assez bien écrit, à la fois par l'auteur réel que par le scribe (personnage devenu lui même auteur sous la plume de l'auteur réel) toute cette distance ne m'a pas permis de m'intéresser à l'histoire, ni même d'apprendre à vraiment connaître les personnages. Peut être que cette histoire aurait mérité d'être plus développée, de sortir de la forme de la nouvelle pour gagner un peu plus en proximité. De plus, avec la mention d'une spectatrice dans le récit en lui même, la distance est accrue (on devient alors la troisième « ligne » de spectateur de la scène...). Petite déception...
Une nuit, un été, trois possibilités de Paul Julian : Tout d'abord, ce qui a suscité mon intérêt dans cette nouvelle, c'est le fait qu'elle soit écrite comme une pièce de théâtre, en scène. On pourrait craindre ici aussi une distance, mais le côté théâtre nous garde quand même plus proche de l'action. On retrouve ici un thème assez classique des histoires érotiques : un triangle amoureux. Malheureusement, il s'avère être sans surprise. J'ai vite compris qui serait le troisième protagoniste et donc ça a un peu gâché les choses, comme si j'avais été spoilée par quelqu'un d'extérieur alors qu'en fait, c'est l'histoire elle même qui s'en est chargé. L'histoire reste intéressante et bien écrite (bien qu'un des personnages soit un peu trop mélo dramatique) mais son côté trop prévisible gâche la fin.
Le miel et le feu de Noémie Arnaud : Nouvelle écrite en chapitres, un peu bizarre pour un écrit court. Pour moi elle est aussi mal positionnée dans le recueil : elle suit une autre nouvelle de forme originale, ce qui enlève de l'originalité à celle ci . On retrouve ici l'envie d'inconnu, la prise de risque (quoi qu'au final la prise de risque s'avère moins grande qu'on ne le pensait – ce qui amène un twist intéressant à l'histoire). Par contre, on trouve aussi une comparaison loin d'être sensuelle (doigts comme une « pince de crabe », pas forcément le genre de chose qui donne envie..) et toujours un vocabulaire vulgaire pas forcément appréciable... Un peu dommage, vu le reste de la nouvelle, j'aurais aimé un peu plus de recherche pour le vocabulaire, ce qui aurait vraiment complimenté l'histoire. Dommage.
Cocon de chair de Julien Courant : Je dois avouer que dès le début j'ai eu peur de ce que cette histoire me réservait... En effet, le titre ne m'attirait pas vraiment, il aurait même limite eu tendance à me dégoutter... Cependant, si on met de côté ce titre et la fin qui nous donne une explication sur ce choix, l'histoire est bien amenée, bien écrite et intéressante. Je pense aussi que mon à priori sur le titre m'aura fait prendre trop de recul sur cette nouvelle pour vraiment apprécier l'histoire.
Sea, sex and Julien d'Aline Tosca : Cette histoire est parfaite pour la saison (si bien sûr on la lit par un jour ensoleillé, et pas comme aujourd'hui pour moi, un jour digne du mois de novembre...). On retrouve la plage, le soleil, la mer... les vacances quoi ! Et bien sûr les vacances ensoleillées et le sexe sont souvent un bon cocktail pour une bonne lecture estivale. J'ai eu tout d'abord peur à cause d'une scène assez vulgaire (que j'ai trouvé au final justifié – pour moi l'un des seuls usages justifié de la vulgarité dans ce recueil), mais la suite plus retenue m'a vraiment plu. On retrouve quelque chose de plus « soft » bien plus propice à faire monter la température ! Même si je me doutais du principal, je l'attendais avec impatience et c'est ce qui pour moi a fait l'intérêt de cette nouvelle.
Enfin il y a les nouvelles que je n'ai pas aimé... Le reste du recueil en résumé... Et là, je resterai dans le général pour ne pas trop me répéter. En effet, j'ai souvent la même chose à reprocher à ces nouvelles...
Tout d'abord la vulgarité : Un manque flagrant d'imagination dans le choix des mots malgré un champs lexical étendu... Ou alors des mots que personnellement je n'aime pas : comme le mot « con » pour le sexe féminin... Je ne trouve vraiment pas cela élégant... Je trouve cela d'autant plus dommage que certains auteurs ont réussi à écrire des nouvelles sans avoir recours à des mots crus comme « bite, chatte, couilles »... Quand on voit de nos jours que ce sont des mots qu'on entend très souvent prononcés par des adolescents, j'aurais voulu un vocabulaire un peu plus recherché venant d'adultes... Certes la vulgarité est parfois « utile » comme dans la nouvelle « Sea, sex and Julien » où elle permet de montrer la brutalité d'un homme et le manque de connexion entre les partenaires. Mais par moments, cette vulgarité a pour moi gâché de bonne histoires. Je pense que certaines nouvelles, réécrites avec des synonymes moins crus auraient pu me séduire... De plus, l'utilisation à répétition de ce genre de vocabulaire est très lassant. On passe d'une histoire à une autre sans beaucoup d'intérêt... Heureusement qu'il y a quelques nouvelles qui sont de belles parenthèses dans cet océan de vulgarité... On finit vraiment par ne pas voir une grosse différence. Certes les histoires sont différentes, mais avec le même vocabulaire... On se demande même parfois si ce n'est pas le même auteur à chaque fois. De plus, pour des personnes qui commenceraient à se lancer dans ce genre de lecture, je pense que le recours à ce genre de vocabulaire pourrait les laisser de côté et donc passer à côté d'une partie de son public. En effet, les personnes aimant l'érotisme limite romantique ne trouveront que très peu de nouvelles pour leur plaire. Certaines personnes effectivement aiment être bousculées par ce genre de langage, mais entre la répétition et le fait qu'une partie du public recherchant plus de sensualité soit mis à part, ce recueil pour moi, a raté le coche.
Il y a aussi les histoires où en plus de la vulgarité, on tombe dans des situations sordides : relations avec un mineur, ou un homme complètement saoul en plein milieu de la rue... J'ai du mal à voir ce qui peut être excitant dans certaines de ces situations... Au contraire, j'ai parfois été à la limite du dégoût. J'ai tenu à ne jamais abandonner une nouvelle pour vous donner un avis global, mais j'ai parfois été tentée de passer à la suivante... C'est cependant très personnel, peut être que d'autres personnes les auraient apprécié, auraient su voir plus loin que le premier plan cru et sordide, mais malheureusement, cela n'a pas été le cas pour moi. Ce n'est pas que je sois choquée (après avoir lus des livres comme 'Les Biscuitières' et « Culte » qui laissent peu de place à la retenue et qui vont même dans des recoins sombres de la sexualité, je ne suis pas facilement choquée) mais c'est plus que j'ai trouvé cela moins bien écrit et amené quand dans les livres cités ci dessus, ce qui a rendu les nouvelles plus sordides que certaines scènes bien plus crues dans le contenu.
Enfin, il y a les histoires qui donnent trop de détails inutiles, comme si il fallait combler un nombre de mots minimum... ou alors des histoires qui pour moi sont beaucoup trop fouillis et pas assez abouties...
Du bon comme du moins bon dans ce recueil, qui n'aura pas su combler mes attentes à 100%.
Ma conclusion:
Le petit +: Quelques histoires très agréables et pleines de surprises
Le petit -: Trop de recours à une vulgarité facile, et la répétition le rend de plus en plus désagréable.
Avis final:
Lecture peu appréciée